En 2007 je créais ma première société. Je venais d’avoir 30 ans et j’accouchais de mon premier bébé ! Une aventure formidable, très prenante, souvent stressante, parfois pesante mais au final toujours grisante. Fin 2012, je décidais de vendre ce beau bébé qui avait bien grossi mais qui ne comblait plus mes attentes personnelles (mère indigne que je suis !) pour me consacrer à mon autre bébé : vous savez, celui qui souille ses couches et qui ruine vos nuits mais pour qui on donnerait pourtant sa vie sans se poser de question… Oui, c’est l’effet materniphose.
Je ne regrette absolument pas mon choix. Mais chasser le naturel et il revient au galop ! Après un an de FAF avec ses bons et ses mauvais côtés, j’ai eu envie besoin d’endosser à nouveau mon costume de chef d’entreprise. J’aime travailler et ne suis fondamentalement pas faite pour n’être que mère au foyer (entendons nous bien : ce n’est pas une tare et cela comble sûrement des mamans ou des papas super épanouis, mais pas moi).
Déjà rodée à l’exercice, je n’ai pas eu de grandes appréhensions à repartir dans cette folle aventure. “Finger in the nose”, pensais-je dans ma grande naïveté de nouvelle mampreneure.
Car une chose est certaine : créer son entreprise sans enfants (option entrepreneure) et créer son entreprise avec enfant (option mampreneure), sont deux parcours bien différents. Evidemment sur le fond, la chose est identique : étude de marché, business plan, prévisionnels, fournisseurs, banque, nom, logo, etc… mais sur la forme, c’est une autre paire de manches, notamment parce que le critère temps est carrément bouleversé.
Quand j’étais sans enfants, c’était juste royal. J’étais à 200 % sur le projet, y passais mes journées, mes week-ends, mes vacances : oui, créer une entreprise, c’est un énorme boulot, demande de l’investissement et quelques sacrifices ! Le projet avançait vite et c’était motivant (j’avais lancé mon affaire en 6 mois).
Avec mon petit loupiot, je coure après le temps, j’ai bien du mal à être à 100% sur le projet et sa concrétisation est beaucoup plus laborieuse. Imaginez être salariée à temps plein et devoir faire tout votre travail en 15 heures par semaine seulement (grosso modo le temps de répit d’une sieste de 2 heures par jour…). Car j’ai rapidement laissé tomber l’idée que je pouvais parfois travailler pendant qu’il joue tout seul. Encore la grande naïveté de la primipare… Je ne sais pas pourquoi il me laisse vaquer librement au ménage ou au repassage et pas à mon ordi. Dès que je pose mon fessier sur le fauteuil derrière mon bureau, il court vers moi avec son “mamaaaan” et pleure lorsque je prononce les mots “non, maman travaille”. Je vous laisse imaginer la dose de concentration dans ces moments-là et la culpabilité qui vous envahit pour finir par capituler puisque de toutes façons le travail sera improductif.
Avec un enfant de 18 mois il a bien fallu que je me rende à l’évidence : je ne peux pas passer mes journées à travailler, encore moins mes week-ends et n’ayant pas de vacances pour cause de travaux, la question ne se pose pas.
Alors, j’ai opté pour une solution “gain de temps” : la nounou à temps partiel. C’est un coût (à quand la crèche dans ma commune ???) mais il faut bien faire avancer le projet et du temps partiel, ça reste du temps. Dans mon entourage, certains s’étonnent de mon choix : elle travaille pas et elle prend une nounou… A ceux là, je les renvois aux paragraphes précédents (au cas où ils n’auraient toujours pas compris que monter sa boîte, c’est travailler à temps plein mais sans salaire…) mais aussi au billet d’Egali-Mère qui explique avec justesse pourquoi, mère au foyer ou pas, il ne faut pas avoir honte de faire garder son enfant – même si dans mon cas, je n’en profite malheureusement pas encore pour prendre réellement du temps pour moi.
Donc, la création de ma future nouvelle petite entreprise se fait pendant mes heures “libérées”. J’aimerais aller plus vite, être davantage dans l’action, mais techniquement ce n’est pas possible. C’est assez frustrant, il faut bien l’avouer.
Sincèrement, je tire mon chapeau aux mampreneures qui n’ont aucun mode de garde. Pour moi, ce serait impossible d’avancer sans quelqu’un pour s’occuper de mon fils et me permettre de travailler sereinement et efficacement.
Ainsi, pour en revenir à l’objet du billet : entrepreneure vs mampreneure, je peux affirmer en toute connaissance de cause, qu’entreprendre en étant maman d’enfants en bas âge, oui, c’est franchement plus compliqué et long. Mampreneure wins… Game Over.
Image par Maura Barbulescu de Pixabay